Le présent

Tu me donnes en présent, aujourd’hui, un agenda, petit carnet vierge encore qui contient, entre ses deux pages de couverture, toute une année de ma vie au futur.

Mon avenir est là, dans ces pages qui sentent si bon la colle de la rentrée des classes, à l’école d’autrefois, où le nom des jours s’inscrit en lettres d’or, où des divinités tutélaires veillent sur les mois à venir.

Bientôt, je commencerai à écrire la liste des choses à faire, des agenda, puisque tel en sont et le sens et le but. Des choses à faire dans le futur. Et, petit à petit, une minute à la fois, chaque jour de ce futur proche mais encore hypothétique, deviendra un présent unique, un présent fugace et fragile, à peine conçu comme présent qu’il sera déjà passé.

Et je n’aurai chaque jour que 24 heures pour accomplir les actes non encore programmés mais qui auront été inscrits dans ce qui, ce jour-là, sera déjà le passé, à présent futur antérieur. Mais j’aurai 24 heures pour créer, une minute à la fois, une éternité de bonheur, comme m’y invitent les maximes quotidiennes. Puisse ce futur n’être pas imparfait, mais futur simple, simple comme le présent.

Et, le 31 décembre 2017, quand je le rangerai dans mon secrétaire, écorné, rayé, meurtri, passé plus que parfait, je rangerai avec lui une tranche de ma vie. Mes enfants, un jour, le trouveront et y liront comme un passé lointain ce qui n’est encore que le futur.

Ainsi, me voici, pour un an, pour bien longtemps je le souhaite, obligée de penser à toi pour te remercier encore de ce présent à conjuguer au futur.

05/09/2016

Avec une affectueuse pensée pour Garuda